jeudi 13 août 2009

Good night and good luck - Georges Clooney (2005)

Ce film est un hommage à Edward R. Murrow, qui prononça ce discours le 25 octobre 1958 et qui retrace la façon dont, dans les années 50, lui, présentateur du journal télévisé de CBS de l’époque, et Fred Friendly, producteur, contribuèrent à la chute du sénateur Joseph McCarthy, à l’origine de la tristement célèbre chasse aux sorcières.



« Ce discours risque de déplaire à certains et lorsque j’en aurais terminé, ils pourront accuser ce journaliste de cracher dans la soupe qui le nourrit quotidiennement et ils pourront aussi accuser votre association d’avoir en son sein un être qui véhicule des idées hérétiques et même dangereuses. Mais la solide structure des chaînes, des agences de publicité et des sponsors n’en sera pas le moins du monde altérée.
C’est par choix et non par devoir que j’ai décidé de m’entretenir avec vos journalistes à propos de la radio et de la télévision. Et quoi que je puisse vous dire, j’en assume seul l’entière responsabilité.

Notre histoire est telle que nous la faisons et s’il se trouve des historiens dans cinquante ou cent ans pour visionner une semaine d’enregistrement de nos émissions sur nos trois réseaux, ils verront des images en noir et blanc et aussi en couleur, qui seront la preuve de la décadence et de la fuite totale face aux réalités du monde où nous vivons. Nous sommes en effet riches, imposants, bien tranquilles et complaisants. Nous sommes totalement allergiques aux informations qui nous dérangent, et nos médias reflètent cet état de fait. Mais à moins de nous réveiller et de reconnaître que la télévision dans sa totalité n’est utilisée que pour distraire, divertir, amuser et isoler les gens, alors cette télévision, ceux qui la financent, ceux qui la regardent et ceux qui y travaillent, risquent de réagir un peu trop tard.

J’ai commencé ce discours en disant que notre histoire sera telle que nous la faisons. Si nous continuons ainsi, alors l’histoire se vengera et le châtiment sera à la hauteur du mal que nous aurons fait. Pendant un instant portons aux nues tout ce qui concerne les idées et l’information. Faisons un rêve et imaginons que certains dimanche soirs, à l’heure où normalement Monsieur Ed Sullivan sévit, nous avons une émission sur l’état de l’éducation en Amérique, et que, une semaine plus tard, à l’heure où sévit Monsieur Steve Allen, nous avons un reportage sur la politique américaine au Moyen-Orient. Croyez-vous que cela serait préjudiciable à l’image de nos respectables sponsors ? Croyez-vous que nos chers actionnaires pourraient sombrer dans une forte colère ? Arriverait-il malheur à plusieurs millions de téléspectateurs qui auraient été éclairés quelque peu sur des sujets qui pourraient déterminer l’avenir de notre pays ? Et par là même, l’avenir de nos entreprises ? A ceux qui disent que les américains ne regarderont pas car ils sont bien trop complaisants, indifférents et individualistes, à ceux-là je répondrai : il existe, et c’est le journaliste qui parle, de nombreuses preuves du contraire, c’est rassurant. Mais si c’était vrai, qu’ont donc à perdre ces personnes ? Parce que s’ils disent vrai, et que la télévision ne sert qu’à divertir, distraire, amuser et isoler les gens, alors notre but est loin d’être atteint, et nous devons reconnaître que la bataille est perdue.
Cet instrument peut enseigner, il peut nous éclairer et être source d’inspiration. Mais il n’a le pouvoir de faire tout cela que si nous sommes déterminés à nous en servir dans cette finalité. Autrement, il ne s’agit que de câble et de lumière dans une boîte.
Bonne nuit et bonne chance ! »
Edward R. Murrow

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire